La gestion des eaux souterraines a toujours été un défi, car il est impossible d’observer directement ce qui se passe sous la surface. La société néerlandaise de distribution d’eau Dunea pompe chaque année près de 8 milliards de litres pour la production d’eau potable sur son site de Solleveld, près de La Haye. Dans le cadre d’une collaboration avec iFLUX, l’utilisation de capteurs de flux et de solutions de suivi en temps réel a permis à Dunea d’acquérir les informations nécessaires pour mieux comprendre la dynamique de ses eaux souterraines.
La surveillance traditionnelle des eaux souterraines ne fournit que des instantanés au travers de mesures ponctuelles. Les responsables opérationnels doivent donc prendre des décisions importantes sur base d’informations limitées concernant la manière dont l’eau circule dans l’aquifère. Sur le site côtier de Dunea à Solleveld, la situation s’est encore compliquée après le projet Zandmotor en 2011 : un dispositif de renforcement côtier basé sur la nature, consistant à créer une presqu’île à partir de sable dragué en mer du Nord, qui a profondément modifié les flux souterrains existants.
Dunea devait obtenir des réponses à des questions essentielles :
Comment le Zandmotor a-t-il influencé la limite entre eau douce et eau salée ?
Les puits de protection fonctionnaient-ils encore efficacement ?
Quel était le risque réel de contamination ?
Dans le cadre du programme européen EIC Accelerator, iFLUX a installé un réseau de capteurs de flux permettant de mesurer directement les mouvements réels de l’eau souterraine. Ces capteurs ont fourni des informations précieuses sur :
Les flux horizontaux, indiquant la direction et la vitesse d’écoulement des eaux souterraines
Les risques potentiels d’intrusion d’eau salée
Les variations en temps réel de la localisation de la ligne de partage des eaux
Les réactions de l’aquifère aux ajustements automatiques des régimes de pompage
Cette campagne de suivi d’une année a démontré à quel point le système souterrain était dynamique. Les mesures de flux ont mis en évidence des vitesses d’écoulement variant de moins d’un centimètre par jour à plus de 4 mètres par jour. Le système réagissait beaucoup plus rapidement et plus en profondeur vers l’intérieur des terres que prévu lorsque certains puits de pompage étaient temporairement arrêtés.
Le point le plus important : les données ont confirmé que les puits de protection de Dunea restent indispensables pour prévenir l’intrusion d’eau salée et la contamination, mais qu’ils devront être optimisés à l’avenir afin de garantir une production d’eau potable durable et résiliente. Avec la stratégie de gestion actuelle, le risque de contamination restait maîtrisé. Les mesures de flux ont par ailleurs mis en lumière des pistes d’optimisation supplémentaires, notamment la réduction des pertes en eau douce et de la consommation énergétique. Les données fournissaient ainsi une base solide pour de futurs ajustements du système.
Anne De Graaf, hydrologue chez Dunea, témoigne :
« iFLUX nous a permis de mieux comprendre le comportement dynamique des eaux souterraines sur notre site de captage de Solleveld. Notre dispositif de mesure était situé près de la côte, où le comportement de l’eau est très changeant. Nous avons clairement observé l’impact de nos extractions sur les flux et les directions de l’eau souterraine. Surtout dans les systèmes très dynamiques, iFLUX apporte de nombreuses informations précieuses. »
Kevin Joosten, chef de programme chez Dunea, ajoute :
« Ce fut une collaboration très agréable, avec une communication ouverte et des discussions de fond constructives. Une expérience à renouveler. »
Les mesures de flux ont permis à Dunea de :
Visualiser les véritables schémas d’écoulement
Détecter les changements dans les conditions souterraines
Vérifier l’efficacité de leurs systèmes de protection
Fonder leurs décisions sur des données réelles et objectives
Si la phase de suivi intensif a pris fin une fois les principales questions de Dunea résolues, le projet a démontré la valeur pratique d’une compréhension fine des mouvements d’eau souterraine. Le réseau de capteurs est prêt à être réutilisé lorsque de nouveaux emplacements ou configurations de pompage seront envisagés dans les prochaines années.